Élections en Équateur | Luisa González contre. Daniel Noboa: qui sont l'avocat correísta et le jeune homme d'affaires qui concourra à la présidence - BBC News Mundo (2023)

Luisa González et Daniel Noboa se présenteront à la présidence de l'Équateur au deuxième tour, le 15 octobre.

González et Noboa ont été les candidats les plus votés ce dimanche, selon les résultats du Conseil national électoral (CNE).

Avec plus de 98% des votes dépouillés, González, héritier de l'ancien présidentRafael Corréa(2007-2017) et favori des sondages précédents, a mené la lutte entre huit candidats avec 33,28% de soutien.

Il a été suivi par Noboa avec 23,68%, ce qui est devenu la grande surprise. A 35 ans, il est le fils d'un homme d'affaires et homme politiqueAlvaro Noboa, qui en 2006 a perdu au deuxième tour contre Correa.

Le reste des candidats ont reconnu leur défaite et que González et Noboa ont été les plus votés, ce seront donc eux qui disputeront la présidence.

Pour gagner dès le premier tour, un candidat devait obtenir plus de 50 % des suffrages valables, soit 40 % plus 10 points d'avance sur son plus proche rival.

« Cet Équateur courageux, cet Équateur avec le sens de la patrie, s'est mobilisé, a brisé la peur et a voté pour une femme. C'est la première fois qu'une femme obtient un pourcentage aussi élevé au premier tour », a déclaré González, qui cherche à devenir le premier président du pays.

Noboa, pour sa part, s'est distancé d'une bataille corréisme-anticorréisme au deuxième tour et a nié qu'il allait chercher à former une coalition contre le corréisme. "Je ne suis pas favorable au fouettage mais à un nouveau projet", a-t-il déclaré.

Toutefois, certains des candidats défaits ont déjà exprimé leur soutien à Noboa.

Les Équatoriens ont voté ce dimanche pour élire le remplaçant du présidentGuillermo Lassoet une nouvelle Assemblée nationale espérant résoudre la spirale de violence et de problèmes économiques suite à une campagne éclipsée par l'assassinat de l'un des candidats,Fernando Villavicencio.

Le nom et la photo de Villavicencio figuraient sur les bulletins de vote imprimés avant son assassinat le 9 août.

Christian Zurita, le candidat présidentiel qui l'a remplacé, est arrivé en troisième position avec 16% des voix.

L'alliance Gente Buena - Construye, dirigée par Villavicencio, était le deuxième mouvement politique ayant obtenu le plus de voix à l'Assemblée, derrière la Révolution citoyenne, le parti de Correa.

En ce qui concerne les consultations populaires sur l'avenir du parc national Yasuní et de la région de Chocó Andino, la majorité des Équatoriens ont déclaré qu'ils n'exploitaient pas les ressources naturelles de ces zones du pays dotées d'une telle biodiversité.

"Mort croisée"

Près de 100 000 policiers et militaires gardaient les lieux de vote et aucun acte de violence n'a été enregistré.

Les élections anticipées ont eu lieu après que le président Lasso a activé la « mort croisée » stipulée à l'article 148 de la Constitution.

Le 17 mai, Lasso, qui n'était pas candidat à cette élection, a signé le décret de dissolution de l'Assemblée, où sa possible destitution était sur le point d'être votée.

Puisqu'il s'agit d'une élection anticipée, le président et les membres de l'assemblée élus lors de ce nouveau processus électoral resteront en fonction jusqu'au 23 mai 2025, date à laquelle était attendue la fin du gouvernement Lasso.

Mais qui sont González et Noboa, qui se disputeront la présidence le 15 octobre ?

Luisa González, l'héritière de Correa

L'avocate Luisa González, la seule femme candidate à la présidentielle en Équateur, a 45 ans, est titulaire d'une maîtrise en économie internationale et développement de l'Université Complutense de Madrid et a une vaste expérience dans l'administration publique sous le gouvernement de l'ancien président Correa.

Elle a occupé les postes de secrétaire nationale de la Surintendance des entreprises, vice-consul de l'Équateur à Madrid et vice-ministre de la gestion touristique.

"Mon principal conseiller sera Rafael Correa, bien sûr", a-t-elle déclaré pendant la campagne, fière de l'héritage économique laissé par l'ancien président.

Cela a pour avantage que Correa s'identifie comme étant clairement opposé à Lasso, qui a un taux d'acceptation très faible. Il dispose de la machine électorale du correísmo et du noyau dur d’électeurs fidèles au mouvement, qui l’a amené à remporter la victoire dès le premier tour.

Son association évidente avec Correa, à qui une partie de la population résiste également fortement, peut jouer en sa défaveur.

Son dernier poste public fut celui de député du mouvement UNES, qui regroupait des mouvements et des organisations liés au Correísmo.

Elle aspire à devenir la première femme présidente élue de l'Équateur par le mouvement Révolution citoyenne, qui s'identifie au soi-disant socialisme du 21e siècle.

S’il atteint son objectif, son triomphe marquerait également le retour du correísmo à la présidence, le mouvement politique qui a gouverné pendant plus d’une décennie jusqu’en 2017.

Correa réside actuellement en Belgique avec l'asile politique et a été condamné en Équateur à huit ans de prison pour l'affaire « Pots-de-vin 2012-2016 », il ne peut donc pas retourner dans le pays.

Durant son mandat de députée de la province de Manabí, González, mère célibataire, s'est opposée à la légalisation de l'avortement pour viol, qui a été dépénalisée par la Cour constitutionnelle en 2021 et qui a suscité un intense débat dans le pays.

Le plan gouvernemental de González repose sur l'appel aux réalisations du mouvement Révolution citoyenne de Correa lorsqu'il était au pouvoir.

Il promet de lutter fermement contre la criminalité et de renforcer la force publique, les forces armées et les systèmes de renseignement. Il a déclaré que l'Équateur est un État en faillite et que les institutions de sécurité ne fonctionnent pas.

Dans son discours, il assure que s'il devient président, il luttera contre la corruption, notamment dans le système de santé, accordera des prêts « massifs » aux familles endettées et au secteur agricole, et subventionnera le prix du carburant.

Noboa, le fils de l'homme d'affaires qui a perdu contre Correa

Daniel Noboa est le fils de deux hommes politiques bien connus en Équateur. Álvaro Noboa, l'un des hommes les plus riches du pays et candidat à plusieurs reprises à la présidentielle, et Anabella Azín, médecin, députée et législatrice de la dernière circonscription de 2007 en Équateur.

A 35 ans, Noboa, homme d'affaires et ancien législateur, est titulaire d'un diplôme en sciences de l'Université de New York et d'un autre en administration des affaires.

Son dernier poste public a été celui de membre de l'Assemblée et il a également occupé le poste de président de la Commission de développement économique et productif, où il a élaboré les lois dans le domaine de la fiscalité et de l'investissement.

C'est la première fois qu'il participe en tant que candidat présidentiel à une élection et il le fait avec l'Alianza Acción Democrática Nacional (ADN), qui comprend des groupes tels que le PID (Pueblo, Igualdad y Democracia) et Mover, où d'anciens membres de la correísta Alianza País, après la rupture de l'ex-présidentLénine Morenoavec laisse.

Il a nié représenter la droite et assure que son vote est de gauche et de centre gauche.

Contrairement au correísmo, qui promeut les dépenses budgétaires, Noboa propose des comptes publics ordonnés et la responsabilité budgétaire.

Il affirme croire à la libre entreprise, mais en même temps à la responsabilité sociale.

Son grand avantage est qu'au deuxième tour il peut attirer les voix de Zurita-Villavicencio, la troisième force du premier tour et qui s'est clairement opposée au correísmo, ainsi que d'autres candidats minoritaires.

Il se présente comme un jeune candidat, nouveau dans le système politique, qui aspire à dépasser les étiquettes des années passées telles que correísmo et anti-correísmo et se concentre sur les préoccupations économiques.

Sa colistière et candidate à la vice-présidence est Verónica Abad, fondatrice du Réseau des femmes réalisatrices et membre de la Fondation internationale El Sembrador, où elle s'occupe des femmes, des enfants et des familles vulnérables touchés par la violence et la toxicomanie.

Noboa propose d'organiser un référendum pour introduire des réformes de la Constitution actuelle en matière de justice.

Il propose également une réforme de la police pour lutter contre l'insécurité et assurer la protection des juges.

En revanche, il assure que dans son gouvernement il mènera une réforme fiscale pour que ceux qui ont plus paient plus.

Alors qu'il était législateur en 2022, il a été critiqué pour avoir organisé et financé un voyage en Russie avec d'autres membres de l'Assemblée, afin de renforcer les liens avec ce pays.

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